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Face au changement climatique, les systèmes agricoles se transforment

A l’horizon de 2050, élever des vaches laitières dans la plaine bressane risque de devenir compliqué en raison des fortes chaleurs pénalisant le bien-être animal et la production.

Les évolutions choisies et subies face au changement climatique étaient au centre d’un forum de discussion dans l’Ain.

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Plus de vaches laitières, sauf en altitude ou à l’ombre d’abricotiers, mais des tomates et des cacahuètes en plaine : le paysage agricole de l’Ain pourrait bien changer d’ici à vingt ans. « Le climat du Sud remonte le long de la vallée du Rhône et les variations saisonnières s’amplifient », expliquait l’agroclimatologue Serge Zaka, lors d’un forum sur le climat organisé par la chambre d’agriculture le 19 novembre au lycée agricole des Sardières, à Bourg-en-Bresse.

Adaptations à rentabiliser

En élevage laitier, l’accentuation du stress thermique dégrade le bien-être, réduit la productivité et altère la composition du lait en acides gras, sans parler des impacts sur la production de fourrages. Le directeur de la ferme du lycée en témoigne : ses 72 montbéliardes ont produit « 25 % de lait en moins en août 2023 ». Année après année, la ferme s’adapte : replantation de haies, création d’une zone humide artificielle, valorisation du pâturage automnal (alors qu’il faut repasser en ration hiver au milieu de l’été), utilisation de plaquettes de bois en litière pour économiser de la paille et assainir l’ambiance en contexte humide, ventilation des stabulations jusqu’à la fin de novembre à cause des mouches, diversification des espèces fourragères cultivées en méteil… « Mais tout cela suppose des investissements lourds qui doivent être rentabilisés, souligne le directeur. Et alors qu’on perd déjà en productivité, l’urbanisation nous a pris 40 ha en vingt ans. »

Ailleurs dans la région, des groupes d’agriculteurs cherchent des solutions. Avec quinze autres fermes de l’association Sols vivants des Montagnes en Haute-Savoie, celle de Martin Guilland a testé du semis direct et des couverts. Avec « pas mal d’échecs » jusqu’à ce qu’ils trouvent des personnes et une méthodologie pour les guider. Les éleveurs du groupe choisissent des couverts-relais à vocation fourragère. Martin Guilland, quant à lui, sème des couverts à but agronomique qui sont enfouis. « Je sème des espèces qui poussent bien à l’automne, survivent à l’hiver et repoussent fort ensuite pour pomper l’eau au printemps et structurer le sol avant les semis », partage-t-il. En travaillant aussi sur l’agriculture de conservation, des agriculteurs du Ceta bressan, dans l’Ain, ont noté une hausse du taux de matière organique, des sols plus faciles à travailler et une meilleure rétention d’eau. « Un sol vivant stocke 5 à 10 % d’eau en plus ; pour un blé, c’est sept à dix jours d’eau de plus que chez le voisin, abonde Serge Zaka. Vos travaux montrent que l’adaptation au climat ne se limite pas à la génétique et à l’irrigation. »

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